Transcription Video
Je m’appelle Claire Guessard, je suis diplômée de Ostéobio en 2012 et ça fait depuis 2015 que j'exerce spécialement autour de la périnatalité, donc les femmes enceintes post-partum, le désir d'enfant et puis tout ce qui est nourrisson, enfant jusqu'à l'adolescence. Voilà un domaine assez spécifique pour qu'on puisse ne faire que ça dans sa pratique d’ostéo, même si c'est un vrai choix par rapport à l'orientation des formations complémentaires que j'ai pu faire après l'école. Je travaille au “crome” (centre de rééducation et d’ostéopathie). C’est un centre mère -enfant avec des praticiens de santé uniquement axés sur la pratique thérapeutique manuelle: kinés, masseurs, ostéos, donc un centre spécialisé. Pour les bébés, on peut les prendre en charge depuis tout petit et Il y a vraiment deux catégories de patientes. Il y a des patientes qui viennent pour un problème spécifique donc comme un patient lambda et on va le traiter pour les causes pour lesquelles il vient consulter. On a aussi une grosse partie des patientes qui viennent et qui sont des mamans qu'on a pu voir en prénatal, qui reviennent avec leur enfant avec pas forcément un souci, mais dans l'idée d'un bilan pour elles et finalement, on peut se rendre compte qu'il y a des choses qui ne sont pas forcément si normales que ça mais Les mamans trouvent que c'est normal qu'un bébé pleure énormément ou qu'un allaitement, ça se passe pas bien. Voilà des choses qui sont finalement des soucis. A ce moment là, on propose toujours de voir l'enfant dans les premières semaines de vie pour pouvoir faire un bilan et pouvoir aider les parents dans leur rôle de parents, dans les petits soucis que peut rencontrer leur enfant pour que tout se passe de la manière la plus sereine possible dans la famille. Donc, sur les motifs de consultation qu'on peut rencontrer, les plus fréquents chez un: nourrisson, c'est beaucoup axé autour du bassin et autour de la sphère céphalique. Donc, ça va être tout ce qui est les problèmes de régurgitation, reflux, les problèmes digestifs, constipation. C'est plutôt ces deux problèmes là qui interrogent les parents et qui sont vraiment tout à fait liés au mécanisme de la naissance. Et puis donc, toute la sphère céphalique, ça va être les soucis d'allaitement, des voies aériennes supérieures, la tête plate. Généralement, c'est ce qu’on cite en premier, mais parce que ça se voit plus et les parents sont plus alertés maintenant par rapport à ce problème. Quand l’enfant commence à grandir, on peut avoir aussi les problématiques de sommeil. Voilà tout ce qui est autour de ces sphères là. Et puis, dans le centre dans lequel je travaille, de coup il ya des kinés qui travaillent beaucoup sur l'aspect moteur. Donc, on va aussi pouvoir être amené à suivre les patients avec des soucis, des pathologies, notamment neurologiques ou pas, d'ailleurs mais dans leur développement, en fait, il y a le nourrisson et puis quand même les premiers mois de vie. L'évolution de l'enfant est très rapide et quand il y a des soucis moteur, la marche, la préhension, toutes les fonctions motrices; en fait, on va avoir un grand rôle à jouer en partenariat avec les autres professionnels: les kinés, les ergothérapeutes, les orthodontistes mais çà c’est plus tard et puis les orthophonistes avec les problématiques de frein de langue, etc. C'est très vaste et puis il y a l’allaitement qui est un très gros sujet. On en parle peu et on ne sait pas trop qu’avec l'ostéopathie on aide beaucoup les familles avec ce projet là et qui est un beau projet, je le pense. Lors d'une consultation d’ostéopathie pédiatrique, la première notamment, est très longue ou souvent très longue parce qu’on a plusieurs interlocuteurs forcément. On a au moins un parent, on a l’enfant. On a souvent deux parents, voire une grand mère, une nounou. Donc, il faut gérer tout ce monde là qui apporte des informations. La périnatalité : Il y a vraiment cette idée d'un gros bouleversement en fait au niveau de la vie des gens à ce moment là et ils ont besoin de beaucoup parler. Donc, il faut avoir envie de parler beaucoup aux gens et aussi prendre le temps de les écouter parce qu’il y a une grosse recherche. En tout cas, c'est plus vrai dans ma région que dans d’autres mais en tout cas, les parents ont souvent un gros besoin de parler et ils savent qu’on a plus le temps qu'un pédiatre ou qu'un médecin généraliste, donc ils vont souvent nous livrer plus de choses. Moi c’est un côté que j'aime beaucoup dans mon métier aussi pour partager. Avec le fait de dire des choses on peut aussi mieux comprendre les réactions de l'enfant parce que lui, l'enfant en fait, à part son corps et ses réactions, il ne va pas pouvoir nous dire tellement ce qu’il y a. L’enfant, il ne triche jamais, en fait. Le bébé, le nourrisson, il ne peut pas tricher. Il y a ce qu'on voit de lui et il n'y a rien à décortiquer. C'est brut et ça, c'est passionnant. Par contre, c'est toute la sphère familiale qu'on va pouvoir traiter, même si, évidemment, on traite les problèmes mécaniques…… Je m’aperçois que je suis partie dans complètement autre chose que la séance…. Mais il y a l'anamnèse qui est très longue, enfin, qui n’est pas forcément très longue, mais en tout cas très riche. On va récolter toutes les informations concernant le couple, l'histoire déjà de la grossesse, comment s'est passée la grossesse, est ce qu’il y a eu des évènements après l'accouchement mais aussi l’accouchement évidemment, parce que ça fait beaucoup de contraintes mécaniques pour l'enfant. Donc, c'est une raison majeure des problématiques qui vont se poser à l'enfant une fois qu'il est né et dans cette première semaine. Donc c’est très important de faire vraiment le tour de toute cette question là avec les parents. C'est très riche et important d'avoir le père et la mère ou l'accompagnant, en tout ça parce que c'est des moments où l'objectivité n'est pas forcément là et ou la fatigue est très présente, donc , voilà, c'est très important. Et pendant tout ce temps de parole finalement, on peut beaucoup observer l'enfant: comment il réagit avec ses parents, comment le parent va le tenir sur ses genoux, collés, très collés ou très loin. Ça indique beaucoup de choses et puis, on le voit babiller ou pas, ou dormir calmement, ou téter. Donc ce temps là est long et très précieux. Ensuite, évidemment, on va regarder pourquoi l'enfant est là: comme toujours il y a un espèce de petit rituel qui est organisé pour pouvoir observer l'enfant dans ses gestes et puis dans son aspect physique, donc tout l'examen visuel. L'examen moteur aussi, selon son âge. Parce que ça va très vite chez le nourrisson. Bien savoir à quelle étape de développement il se situe en particulier. Qu'est ce qu'il est capable de faire ou ne pas faire. Quelles sont ses difficultés. Objectiver aussi ce que les parents ont dit parce que parfois, les parents ont une impression et on se rend compte qu'en fait c’est exactement ça. En revanche ils ne sont peut être pas au courant qu'un enfant, ça marche comme ça et pas comme ça notamment pour les problématiques de sommeil, par exemple; Il y a beaucoup, beaucoup d'idées reçues là dessus : L'enfant doit faire cette nuit à tel ou tel âge… Ça peut être très lourd pour les parents. Donc on verbalise beaucoup de choses et puis, on regarde comment l'enfant se comporte, ce qu'il arrive à faire physiquement et ce qu’il n'arrive pas à faire. Et puis on va l'aider progressivement par des mobilisations douces. On peut être amené à faire un examen moteur un peu plus poussé, un examen neurologique pour vérifier aussi certains aspects plus neurologiques pour une éventuelle orientation. Voilà, on regarde beaucoup de choses, on teste beaucoup de choses et en même temps on fait un peu le traitement. On montre beaucoup de choses aux parents aussi parce que le temps de la consultation va se prolonger après, à la maison aussi, avec beaucoup de conseils. Le temps thérapeutique, ça va être vraiment des mobilisations, donc on fait ça dans le jeu, selon l'âge de l'enfant, avec les parents et éventuellement avec leur aide parce que c'est pas toujours facile pour un bébé de se laisser toucher, manipuler par quelqu'un qu’il ne connait pas et dans un endroit qu'il ne connait pas. Pour certains, c'est très compliqué. Il faut de la patience, mais ça se passe la plupart du temps très, très bien et on mobilise doucement, on demande à l’enfant. On a des petits subterfuges pour pouvoir réussir à obtenir ce qu'on veut et souvent, l'enfant se sent soulagé quand même au fur et à mesure de la consultation. ça, c'est très bénéfique aussi pour les parents de l'enfant de voir l’enfant qui évolue, qui s'apaise et qui arrive à mieux à têter aussi. C’est pas exactement comme l'ostéopathie pour adultes ou l’on reteste effectivement les amplitudes de mouvement. Là, c'est un peu pareil, c’est complètement pareil, d'ailleurs, mais c'est pas l'enfant qu'on essaye de convaincre, mais plutôt les parents. C'est important parce que ce n’est pas si évident que ça, parfois. Voilà. Et donc, après, on a vraiment un temps avec les parents durant lequel on va leur montrer les gestuelles particulières par rapport à leur enfant, soit dans le but d'un petit exercice pour faciliter les choses, pour faire perdurer dans le temps les bénéfices de la consultation, soit des conseils plus bateau, on va dire, de maternage, soulever l'enfant sous les bras; des choses assez simples mais qui ne sont pas forcément dites et puis on a tellement d'informations quand on sort de la maternité avec un nourrisson que pour les parents, c'est pas forcément évident de tout retenir. Et voilà. Dans l'habillage il y a beaucoup de conseils et aussi sur le couchage, le fait de mettre les enfants sur le ventre régulièrement, plein de petites choses avec lesquelles les parents ne sont pas forcément familiarisés et donc on en discute avec les parents. Donc, finalement, on a fait beaucoup, beaucoup de blabla, mais les parents sont très réactifs. Souvent, ils réagissent quand on discute des choses, donc c'est assez fascinant. Et pendant tout ce temps où l’on parle, on montre beaucoup, on laisse faire les parents car ça leur donne confiance aussi dans leur capacité et c'est très important. En cabinet libéral, bien sûr, comme tout ostéopathe, on peut s'installer en libéral. Moi, c'est mon cas. Il y a des confrères qui exercent également en maternité auprès des tout jeunes nourrissons et même en prénatal, chez les mamans, etc. Il y a des suivis qui ne sont pas possibles dans toutes les maternités, mais ça s'ouvre de plus en plus, à l'hôpital également. Ça dépend vraiment des chefs de service et de l'ouverture d'esprit du personnel et l’ostéopathie est de plus en plus présente à l'hôpital, dans le monde hospitalier, en clinique et en maternité. Pour les futurs étudiants qui souhaiteraient s'orienter vers cette spécialisation qui est fantastique, il faut savoir que, certes chacun, pratique de la façon dont il veut mais c’est vrai qu’ils doivent s’attendre à un contact avec les gens, gerer des familles et pas juste un nourrisson. Ça, c'est important parce que moi c'est quelque chose que j'adore, mais ce n'est pas forcément quelque chose auquel je m'attendais, mais c'est ce que j'aime dans mon métier aussi. Donc, ça ne m'a pas posé de problème mais je sais que ça peut en poser. Il y a vraiment toute la sphère familiale à prendre en compte. Le conseil qu'on peut donner même si le bagage qu'on peut avoir en sortant de l'école concernant la pédiatrie est suffisant, on va dire pour des cas pédiatriques relativement simples, quoique “simple”n'est pas vraiment le mot adéquat, on va plutôt dire un bébé qui n'aurait pas de problématique un peu plus particulière. Donc ce conseil est que si l’on veut vraiment en faire une spécialité à part entière, il est très important de pouvoir se former à côté dans le cadre de la formation continue parce que c'est un monde qui est très riche, les enfants évoluent énormément. On fait un métier, l'ostéopathie, qui est passionnant parce qu'on s'occupe du corps entier, tous les systèmes, donc on se doit d'être vraiment très calé sur tous les systèmes. Un enfant en croissance, c'est un enfant qui change toutes les semaines et qui a des évolutions de tous ses systèmes en permanence pendant des années et des années. Pour suivre ces nourrissons et ces jeunes enfants c’est vraiment important d'être très calé sur toutes ces évolutions et tout ce qui peut se passer, pas forcément toujours de manière idéale, parce qu'on est vraiment des acteurs de prévention aussi, au même titre que le médecin généraliste ou leur pédiatre. On a vraiment une vision d'ensemble de tous les systèmes. C'est une richesse pour nous et pour ça, il faut vraiment pouvoir se former en continu. A côté il ne faut pas négliger l'aspect recherche pour ceux qui sont encore à l'école et qui vont faire de la recherche parce qu'une fois qu'on est sorti de l'école, quand on sait rechercher des informations scientifiques, des choses avérées pour suivre son patient, pour l'orienter de la meilleure manière possible, et c'est notre devoir, c’est vraiment fondamental. Donc pour moi, ça, c'est deux grands axes: la formation continue et pouvoir être capable de faire des recherches ainsi que l'aspect partenariat professionnel avec le réseau autour de son cabinet parce qu'on n'est jamais seul dans un suivi de l'enfant. Donc, Il faut pouvoir communiquer avec le pédiatre et avoir de bonnes adresses pour orienter, parce que les enfants grandissent très vite, surtout à cet âge là et, du coup si quelque chose ne va pas. Il faut l'orienter rapidement parce qu'on perd du temps bêtement, pour les enfants. Ça les freine éventuellement dans leur leur autonomie, dans leur évolution et c'est vraiment parfois dommage. Il y a une errance thérapeutique pour certains qui est vraiment dommageable. Nous, on a le temps, en tout cas, on devrait avoir un peu plus de temps, peut être et un un regard plus large pour pouvoir orienter correctement les patients. Et ça, ça passe par un bon réseau et des bonnes connaissances dans les domaines que j’ai cite avant. C’est ça qui est passionnant et il ne faut pas se relâcher: à la fin des études, ce n’est que le début… J'ai encore plein de choses à apprendre, à savoir. C'est ça qui est chouette.